Editos
2012 : Une année de turbulences pour les chefs d’entreprise
L’année 2012 ne restera vraisemblablement pas dans les annales pour ce qui est de la transmission d’entreprises et des entrepreneurs. Au-delà d’une conjoncture économique globalement plutôt morose, elle a été en effet soumise à deux périodes de turbulences : l’élection présidentielle et surtout la loi de finances préparée par le gouvernement fraichement nommé.
Même si les débats ne sont généralement pas à la hauteur des enjeux, l’élection présidentielle induit un climat propice à l’attentisme au cours des mois qui la précèdent. Cet évènement accroit l’incertitude qui pèse déjà sur les entreprises et les entrepreneurs. Mais au lendemain du vote, les esprits se concentrent à nouveau et poursuivent leur chemin.
L’examen d’une loi de finances a beau être un exercice annuel, le millésime 2012 qui envisage la loi de finances pour 2013 s’est distingué fortement de ses prédécesseurs. Jusqu’à la promulgation définitive de la loi, les acteurs ont tous été fortement déstabilisés par un projet qui a déchainé la colère des entrepreneurs pourtant habituellement absents du microcosme médiatique. Rarement l’incertitude fiscale, qui demeure d’ailleurs un signe de marque de l’Etat français, n’a autant brouillé les pistes et dérèglé tous les instruments de pilotage : changements de règles oui mais également effets rétroactifs non planifiables et surtout mesures confiscatoires de circonstance qui méprisent la durée réelle d’implication des chefs d’entreprise en décrétant de manière arbitraire que la durée de détention des titres retenue pour le calcul des plus-values serait désormais décomptée à partir du 01/01/2013, quelle que soit la durée réelle de leur détention !
Au bout de quelques semaines d’approximation, la version finale a été heureusement corrigée de ce non-sens. Dans l’ignorance totale du monde des PME et de leur mode de financement et pour sanctionner quelques spéculateurs, on jette ainsi maladroitement l’opprobre sur tous les chefs d’entreprise sans même en mesurer les conséquences sur les consciences et donc sur le pays.
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Les chefs d’entreprise qui détiennent le capital de leur entreprise sont plus que jamais les héros d’aujourd’hui car ils sont quasiment les seuls à tirer le pays par leurs initiatives, leur implication réelle et leur capacité à prendre des risques. Dans une société frileuse d’éternels adolescents qui demandent toujours plus à l’Etat protecteur, les « patrons » de PME demeurent les seuls adultes qui non seulement se prennent en charge mais encore emmènent les autres avec eux.
Si l’on reconnaît le rôle économique des entrepreneurs, il faudrait insister, sur leur rôle social déterminant dans une société où les structures sociales stabilisatrices éclatent les unes après les autres. Les jeunes quittent famille et système scolaire sans repère. Nombreuses sont les entreprises qui non seulement forment sur le tas leurs employés par l’acquisition successive de compétences mais qui aujourd’hui les éduquent naturellement en proposant une structure qui les reconnait comme des adultes. Les règles qui existent dans les entreprises permettent en effet à chacun de se structurer. C’est donc un des derniers endroits à partir duquel peut s’épanouir l’autonomie. L’entreprise reste un des seuls cadres sociaux encore solides.
Le monde de l’entreprise n’est pas un monde d’angélisme mais bien celui du réel que certains préfèrent combattre car il est moins facile que celui des chimères qui nous sont promises en permanence par les médias ou les politiques. Peu de discours mais du concret, tel est le plus souvent le quotidien d’un entrepreneur qui s’implique, dirige et qui fédère autour de lui. A l’ère du numérique et des puissants médias où tout n’est plus que message expédié ou reçu, l’entrepreneur sait que pour avancer, pour apprendre, pour partager vraiment avec les autres, pour s’épanouir véritablement, il ne faut pas se contenter d’être spectateur du monde mais être acteur de sa vie et que pour cela il est une notion fondamentale : le TRAVAIL dans lequel on s’implique et qui permet de s’accomplir.
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Les chefs d’entreprises d’aujourd’hui et de demain ont heureusement le ressort nécessaire pour naviguer par gros temps mais se dispenseraient bien volontiers de traverser ce type de turbulences qui consomment inutilement l’énergie dont ils ont pourtant besoin chaque jour pour avancer. 2012 est désormais terminée et gageons que cet épisode malheureux ait permis une prise de conscience du rôle indispensable des entreprises et de entrepreneurs. Comme le disait Winston Churchill, « Certains considèrent le chef d’entreprise comme un loup qu’on devrait abattre, d’autres pensent que c’est une vache que l’on peut traire sans arrêt, peu voient en lui le cheval qui tire le char ». L’automne 2012 aura, espérons-le, au moins permis à certains de le comprendre.
Thierry POUROT
Associé Gérant
CABINET RICHEMONT
Rapprochement & transmission d’entreprises