Editos
Une situation intermédiaire est une production d’états financiers plus ou moins finalisée qui est établie à une date qui n’est pas celle de l’arrêté annuel des comptes, date de référence pour la production de la liasse fiscale.
Dans le cadre de l’examen d’une reprise d’entreprise, il n’est pas rare que l’acquéreur ou parfois même le banquier financeur demande une situation intermédiaire lorsque les derniers états financiers ont été établis il y a plus de six mois ou lorsque l’évolution du marché peut laisser supposer que l’année en cours sera différente de l’année précédente.
La recherche d’un bilan plus « frais » est légitime mais il est important de veiller à examiner une telle situation intermédiaire avec précaution. Deux types de caractéristiques sont à prendre en compte et à analyser de près :
- La qualité des données présentéesEtant donné qu’elle n’a pas pour objectif la production de comptes servant d’assiette à l’élaboration des comptes annuels, il n’existe pas de référentiel précis et chacun est libre de procéder à sa façon. Aussi surprenant que cela puisse paraître, certains experts comptables ne calculent pas l’impôt sur les sociétés, certaines écritures de cut off ne sont pas passées (comme la variation de stock faute d’inventaire), ou encore le calcul de certaines provisions n’est pas précis. En comparant avec des données établies lors de la clôture des comptes, on peut donc très vite en effectuer une mauvaise lecture. Certains chefs d’entreprise reconnaissent d’ailleurs eux-mêmes qu’ils ne comprennent pas les chiffres issus des situations intermédiaires qu’ils reçoivent.
- Les effets induits par la date retenue
L’exploitation d’une entreprise n’est pas forcément linéaire tout au long de l’année et dans certains métiers, il peut y avoir une forte saisonnalité. Ainsi, une entreprise de vente de piscines et spas réalise une quote-part importante de son chiffre d’affaires entre mars et juillet. Si l’on cherche à établir une situation à fin mars d’une société qui clôture habituellement à fin septembre, on se rend vite compte que les chiffres obtenus au bout de six mois ne nous permettent pas vraiment de faire une analyse pertinente puisqu’elle couvre la période faible de l’exploitation. Ceci est vrai aussi bien pour les données du compte de résultat que pour celles du bilan.
En bref, avant d’exploiter une situation intermédiaire, il faut :
- s’assurer des règles et méthodes comptables utilisées
- vérifier la pertinence des chiffres eu égard à la saisonnalité de l’activité
- privilégier un comparatif par rapport à des données établies déjà à la même date (entre deux situations intermédiaires donc) car un comparatif par rapport à la date d’arrêté comptable peut s’avérer parfois totalement inexploitable.
Même si les intentions sont bonnes, une situation intermédiaire risque au final de créer beaucoup de confusion dans l’analyse, par l’incapacité à pouvoir exploiter convenablement les informations, ou pire, en déduire des conclusions erronées. En l’absence d’un discernement soigné, cela pourrait même aller jusqu’à compromettre tout le projet de reprise.
Thierry POUROT
Associé Gérant
CABINET RICHEMONT
Rapprochement & transmission d’entreprises