Les candidats à la reprise d’entreprise sont souvent d’excellents professionnels. Forts d’un passé riche, ils ont acquis au fils de leurs expériences des pratiques de gestion, des modes de management qui ont fait leur preuve… Il n’est pas rare qu’ils aient mené avec succès une conduite de changement au sein de leur organisation.

C’est donc forts de leurs atouts qu’ils étudient tous les dossiers de reprise en projetant les transformations qu’ils seraient susceptibles de mettre en œuvre postérieurement à la reprise en dupliquant un modèle ou une organisation qu’ils maîtrisent. L’idée est louable et peut être créatrice de valeur. Attention toutefois à l’excès de confiance. Le contexte de la TPE/ PME n’est pas celui d’une grande entreprise : En effet,

• le chef du projet est le dirigeant lui-même et c’est très astreignant de mener correctement plusieurs fonctions de front sans s’essouffler
• il n’existe pas ou peu de ressources support en interne. Le chef d’entreprise, également chef de projet, peut vite se retrouver très seul
• le nouveau dirigeant ne connait pas forcément sur quels relais s’appuyer pour prendre en main le déploiement
• les salariés ne sont pas forcément capables d’expliquer exhaustivement tout ce qui est fait dans l’entreprise
• …

A titre d’exemple, un repreneur, fervent partisan d’une gestion de production informatisée, décide de mettre en place un ERP dès les toutes premières semaines de son arrivée dans une société industrielle. Au-delà du coût engendré par ce projet, les conséquences en chaine sont désastreuses : désorganisation totale des flux dans l’atelier, baisse de productivité, baisse de la production, baisse du chiffre d’affaires, mécontentement des clients, baisse de la trésorerie et du carnet de commandes, … En l’espace de moins de six mois, l’entreprise, au demeurant solide, s’est considérablement affaiblie.

Une règle d’or : Même si l’on connaît les « bonnes pratiques », ayons l’humilité d’analyser soigneusement les processus actuellement en vigueur dans l’entreprise rachetée car, souvent basés sur des schémas simples, ils peuvent s’avérer d’une redoutable efficacité. Alors pourquoi les changer trop vite au risque de faire moins bien ?

La « petite » entreprise peut nous apprendre également et mieux vaut se donner le temps d’un diagnostic soigneux avant d’entamer des transformations radicales !